Combattre le mal par le bien est honorable, lui résister par le mal est funeste

Clary Cordis

Vous racontez ma petite enfance a-t-elle la moindre importance ? Très clairement, cela n'intéresse personne. On se fiche pas mal de savoir si ma mère m'a mi au monde dans d'atroce soufrance, si mon père était à son chevet durant tout ce temps, s'ils s' aimaient éperdument. C'est le genre de détails bien chiant dont tout le monde se passerait volontiers, sans jamais oser le dire. Passons directement au moment qui vous intéresse tous, ce jour ou ma vie a basculé

Je venais seulement d'avoir 12 ans, mes parents avaient prévu une grande sortie en famille. Le centre commérciale était mon endroit favori, le rayon lecture était toujours ceui que je visais en premier, je pouvais y passer des heures. Ce jour-là, je n'attendis pas mes parents, fonçant tête baissée. Il y avait trop de monde, un nombre anormalement élevé d'enfant, ils me perdirent rapidement de vu. J'entendis la voix de mon frère crier mon nom, me courir après, mais je ne m'arrêtais pas. Je voulais atteindre ce rayon avant eux, je riais, je prenais parfois plaisir à rendre mes parents fous, je profitais d'être la petite préférée de tous. Sauf que je n'atteinds jamais ce rayon. Une main se posa sur ma bouche, m'empêchant d'hurler. La peur au ventre, je me débatis, sans le moindre effet que de faire se soulever d'un rire mauvais la poitrine contre laquelle j'étais serré.

Je ne découvris que bien plus tard que cette femme n'avait apparement pas agis seule. Un homme était à ces côtés. Amaëlle et Emrys. Visiblement je n'avai aucune chance de me sortir de cette situation, sans quoi il ne m'aurait pas révélé aussi facilement leur identité au risque que je les balance. Ma vie allait s'achever là, alors que je n'avais que 12 ans. Heureusement, ou malheureusement, c'est une question de point de vu, il avait d'autre projet pour moi. Je n'ai jamais su pourquoi moi, s'il s'agissait d'une vengeance personnelle, ou d'un plaisir malsain, un jeu de leur espèce, mais je fus contrainte à rester à leur côté pendant sept longues années. Sept années de torture, autant physique que mentale. Je suis passé par tous les stades. Terreur, humiliation, déception, résignation. Je crois même mettre prise d'amour pour mon bourreau avant de revenir à la raison. Ces sept années furent les pires de mon existence, mais me poussèrent à me remettre en question. Je trouverais le moyen de sortir d'ici, et lorsque cela serait fait, je ne voulais plus être cette pauvre fille qui se cachait derrière la protection de sa famille. Je voulais apprendre à me battre, et être en mesure de me protéger moi même. Je voulais éliminer cette maudite race qu'étaient les Strigoïs

Ce jour arriva plus vite que je m'y attendais. Une affaire, un problème, je ne sais pour quelle raison ils quittèrent la demeure, et je m'en fiche pas mal. Quelle qu'en soit la raison, ils me laissèrent seule, et c'était suffisant pour que je ne laisse pas passer cette chance de fuir. Il me fallut bien une heure pour trouver cette petite fenêtre au sous sol, et en briser le verrous. Aujourd'hui encore, j'ai du mal à croire avoir eu autant de chance